La rédaction web des Echos - 23 janvier 2006 |
Un troisième référendum sur l'indépendance du Québec aura-t-il lieu ? Si le Bloc québécois, qui défend à Ottawa les revendications souverainistes de la Belle Province, reconduit ou améliore son score des élections législatives fédérales de juin 2004 (53 sièges sur les 75 de la province), l'hypothèse n'est pas à exclure. Plusieurs observateurs pensent, en effet, qu'un succès au niveau fédéral pourrait servir de tremplin au Parti québécois (PQ) lors des prochaines élections provinciales, qui devraient se tenir d'ici à dix-huit mois. Or, le nouveau leader du PQ, André Boisclair, a déjà annoncé, qu'aussitôt au pouvoir, il convoquerait un nouveau référendum.
Et la balance lui semble pencher cette fois du côté séparatiste. « Le scrutin très serré de 1995 était un avertissement clair au gouvernement fédéral, explique-t-il. Qu'a-t-il fait pour y répondre ? Il a fait voter la «loi sur la clarté», qui encadre et limite la portée d'un futur référendum. Il a déséquilibré les finances de la province en réduisant ses transferts financiers. Et il s'est englué dans le scandale des commandites, destiné à vanter le fédéralisme aux Québécois. » En outre, souligne Alain Gagnon, chercheur à l'Université du Québec à Montréal (Uqam), « l'actuel gouvernement libéral provincial de Jean Charest est très impopulaire », accusé de s'attaquer au modèle social québécois, en revoyant à la baisse certains acquis sociaux ou en cherchant à imposer des partenariats public-privé, mal vus par une population très attachée aux services publics.
Ce regain de souverainisme préoccupe les milieux d'affaires, d'autant que l'économie du Québec n'est pas particulièrement florissante avec plus de 8 % de chômage et une dette de 118 milliards de dollars canadiens, équivalente à 44 % du PIB (sans parler de sa part dans la dette fédérale). « La situation financière de l'Etat québécois n'offre pas beaucoup de marges de manoeuvre », reconnaît Gilles Soucy, chef économiste du groupe bancaire mutualiste Desjardins.
Le chef conservateur Stephen Harper l'a bien compris en leur parlant de « fédéralisme d'ouverture ». Une opération de séduction non dénuée d'arrière-pensées. Car si les élections se gagnent en Ontario, une majorité gouvernementale - sans laquelle, même élus, les conservateurs n'auront aucune marge de manoeuvre aux Communes - ne peut s'obtenir sans un minimum de sièges au Québec. Et les Tories n'en ont aujourd'hui pas un seul...